C'était vrai !

Un de nos amis à voulu se rendre compte de la véracité des faits que nous rapportions hier, à cette place, sous ce titre : Est-ce vrai ?

Il s’est donc rendu, jeudi matin, sur la prairie des Filtres, et a du constater, le long de la Garonne, l’existence du dépôt de terre provenant du cimetière de Saint-Cyprien.

Mêlés à cette terre ; il a reconnu des débris de vieilles bières dont les bois étaient tombés en pourriture, et d’ossements divers ayant appartenus à des corps humains.

J’aurais pu, nous a-t-il dit, vous apportez un tibia que ma canne a mis à découvert en fouillant à la surface.

Qui donc a pu donner l’ordre de transporter ces terres en cet endroit, relativement éloigné du cimetière ?

Trouve-t-on que la ville soit si riche qu’il faille encore gaspiller notre argent en de pareilles profanations ?

Nous ne voulons pas accuser la municipalité. Mais maintenant que la voilà prévenue, nous voulons espérer qu’elle donnera des ordres pour que les restes de nos concitoyens ne soient pas jetés dans la Garonne. Les gens qui se sont si souvent servis des morts pour se faire élire, leur devraient, nous semble-t-il, un peu plus de respect.

Et s’ils ne veulent pas respecter les morts qu’ils s’abstiennent du moins de préparer pour les vivants ce que l’on pourrait appeler, sans exagérer, de l’extrait mortuaire.

(L’Express du Midi – 9 septembre 1898)