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Toulouse célèbre la paix

Publié le par tolosa

Dès que la nouvelle de l’armistice fut connue à Toulouse, ce fut une explosion de joie débordante. La guerre, qui enchanta tant d’aigrefins, perdait son charme à l’heure de la cessation des hostilités ; on se croisait, on s’interrogeait, on s’embrassait. « C’est la fin, cette fois » « Je vais le revoir, mon poilu ! ». Les Toulousains s’arrachaient littéralement les feuilles qui annonçaient la bonne nouvelle. Les rues s’animèrent comme au jour des plus grandes fêtes. Les magasins fermèrent aussitôt pour que leur personnel pût s’associer à l’allégresse qui débordait de tous les cœurs. A la Poudrerie, à la Cartoucherie, à l’Arsenal, à la mairie, à la préfecture, le travail cessa et des groupes de manifestants, de midinettes au corsage fleuri se répandirent à travers les artères de la ville, drapeaux en tête en acclamant la paix. Des autos roulaient, pavoisées aux couleurs alliées. Des tramways, point, car les employés de M. Pons avaient reçu congé. Quant aux cochers, ils s’étaient libérés eux-mêmes. Des femmes de la Cartoucherie (les femmes ont toujours, aux heures tragiques ou joyeuses, des gestes par où éclatent leur sensibilité et leur reconnaissance) s’en allèrent déposer des fleurs sur les tombes de ceux qui luttèrent et qui moururent pour que la France éternelle vécut toujours libre.

A de nombreux balcons, des drapeaux pendaient cravatés de deuil. Tant de famille dont les êtres chers sont couchés dans la mort par l’horrible tuerie pleuraient leurs disparus, tandis qu’au dehors la foule par cette radieuse journée criait, chantait, clamait son enthousiasme, tandis que les cloches sonnaient à toutes volées et que le canon tonnait à intervalle régulier.

Les enfants que l’école avait libérés, organisèrent de petits monômes, tambours battant et trompettes sonnant.

Sur le soir, il a eu une recrudescence de joie ; la préfecture, la marie, la gare avaient illuminé leurs façades où les drapeaux alliés communiaient dans une même étreinte. Dans les cinémas, où le public s’entassait, les hymnes nationaux furent bissés, les portraits des hommes d’État de l’Entente, des généraux vainqueurs accueillis par des ovations.

Les cafés, que la plupart des garçons avaient déserté, en revanche regorgés de consommateurs ; leur brillant éclairage rappelait celui d’avant guerre. Les restaurants étaient pleins à craquer de clients qui trouvaient difficilement à s’alimenter.

Tout-Toulouse joyeux dîner en ville. C’est la fin de l’horrible tuerie. Nous n’entendrons plus désormais ces mots qui, pendant quatre ans, résonnèrent comme un glas : « C’est la guerre ! ».

C’est la paix, aujourd’hui ! C’est la paix qui se lève, radieuse et belle. Saluons-là de tout notre cœur débordant d’allégresse.

Vive la paix !

(Midi-Socialiste – 12 novembre 1918)

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