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L'ascension du "Jeanne d'Arc"

Publié le par tolosa

L’ascension du ballon le « Jeanne d’Arc », dont nous avons annoncé le départ hier, a été pour les habitants de Toulouse et de la région, l’occasion d’un des plus beaux spectacles qu’ils aient pu voir depuis longtemps, l’aérostat étant resté visible sur Toulouse pendant plus d’une heure. Poussé par un vent nord-ouest modéré, le ballon a pris lentement la direction de Madron, en même temps qu’il s’élevait, en tournant plusieurs fois sur lui-même, jusqu’à 1800 mètres.

Là, le ballon est resté stationnaire pendant quelques instants pour reprendre sa course jusqu’à Malepère. Là, l’aérostat était redescendu jusqu’à 1400 mètres. A partir de ce moment, l’ascension a été fertile en incidents émouvants pour les aéronautes, qui ont bien voulu nous donner les détails qui suivent.

Débarrassé de quelques kilogrammes de lest, l’aérostat s’élevait jusqu’à 2200 mètres, où la température s’élevait jusqu’à 11 degré, alors qu’elle n’était que de 9 degré à 1200 mètres. Cette particularité est assez rare ; elle est due à un courant supérieur nord nord-ouest que les aéronautes conservait jusqu’à la Grande-Borde, près de l’écluse de Castanet, ils envoyèrent alors une première dépêche pour faire part de leurs impressions ; mais pendant ce temps le ballon avait baissé.

Arrivé dans les couches plus basses, il subit une condensation considérable due à la diminution de température et la descente devint une véritable chute ; sans perdre leur sang-froid, ils jetèrent un sac de lest de 25 kilos, alors que leur ballon n’était plus qu’à quelques mètres du sol et cette vertigineuse descente put être enrayée, l’aérostat effleura seulement un champ de luzerne, près d’Escalquens, où un courant ouest inférieur l’avait ramené ; il remonta alors lentement, reprit la direction nord-ouest, atteignit de nouveau le courant chaud qui, le dilatant d’une façon considérable, le porta à une altitude supérieure à 3000 mètres.

Comme on peut le comprendre d’après ce qui précède, la descente à exiger les plus grandes précautions ; elle s’est heureusement effectuée à six heures vingt, au hameau de Tucal (commune de Trébons), à sept kilomètres de Villefranche-de-Lauragais. Les aéronautes ont pu, à grand peine, se procurer une petite jardinière pour transporter leur ballon à la gare de Villefranche, mais ils ont du s’y rendre à pied à travers des chemins semés de fondrières, que la nuit profonde rendait encore plus difficile. Ils ont pu arriver juste à temps pour prendre le train de onze heures, qui les a ramenés à Toulouse.

 

(L’Express du Midi – 12 mai 1894)

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