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L'Église et l'École

Publié le par tolosa

Saviez-vous qu’il existe à Toulouse un journal intitulé : « l’Église et l’École ». Nous, pas.

Mais un de nos lecteurs nous adresse un numéro de ce canard. Le numéro 3. Et nous l’en remercions vivement car ce numéro contient de curieuses choses, de très curieuses choses.

Disons tout d’abord que « l’Église et l’École » s’adresse spécialement à MM. les instituteurs laïques. Et qu’à ce titre, aussi bien qu’à cause de celui qu’il s’attribue, on pourrait supposer qu’il observe une neutralité dont on nous vante sans cesse les charmes.

Or, voici ce que nous lisons dans ledit journal, à propose du vendredi Saint :

« Les idées cléricales sont tellement enracinées dans nos mœurs, que même les établissements de plaisirs artistiques : les Variétés, le Capitole chôment le vendredi appelé saint. L’esprit, l’oreille et les yeux sont forcés de jeûner ce jour-là. Pourquoi cela ? Nul ne pourrait donner une bonne raison, mais tel est l’imbécile usage, il faut ce conformer à ses lois. On croirait que nous sommes encore au temps des Montfort et des doux inquisiteurs qui brûlaient les gens sur un bûcher de livres ».

En ce qui nous concerne, après avoir lu ces lignes, nous aimons mieux brûler du sucre. Mais voilà quelles idées on fourre dans le cerveau de certains instituteurs déjà trop portés à s’affranchir de tout respect de nos croyances. Nous nous demandons quelle sorte de neutralité peuvent bien observer les instituteurs qui se nourrissent de ces élucubrations malsaines ?

Nous ne leur conseillerons pas, du reste, de prendre au pied de la lettre tout ce qu’on a la prétention de leur apprendre dans le canard en question.

Ainsi, dans un article où est mis en cause Talleyrand, on peut lire ceci :

« Prince par la volonté de Louis XVIII, après avoir été fait duc par la grâce de Napoléon I° ».

Or, le plus encroûté des instituteurs sait que Talleyrand reçut la principauté de Bénavent en 1806 des mains de l’Empereur et en récompense des services rendus à l’empire.

On objectera que cela ne prouve rien en faveur du Vendredi-Saint.

Cela prouve que les rédacteurs de l’Église et l’École ne mettent jamais les pieds dans une église, ils auraient grand besoin d’aller à l’école, avant prétendre se moquer de la première et de relever le niveau de la seconde.

Passons !

 

(L’Express du Midi – 15 avril 1893)

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