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Le rôle des institutrices

Publié le par tolosa

M. le Maire a reçu, avant-hier, au Capitole, les institutrices des écoles communales laïques de Toulouse, qui lui ont été présentées par M. l’inspecteur primaire. M. le Maire s’est exprimé à peu près en ces termes :

« Mesdames,

« Permettez-moi de vous remercier profondément du nouvel honneur que vous me faites, en vous présentant devant moi.

« Car je dois point vous laissez ignorer que j’ai déjà reçu, il y a huit jours, MM. les instituteurs, et vous en conviendrez avec moi, mesdames, cela m’a paru tout naturel, car à tout seigneur, tout honneur.

« Aujourd’hui, c’est le tour des institutrices, j’en suis vraiment ému et touché.

« C’est qu’à mes yeux, votre rôle est autrement important que celui des hommes.

« C’est vous qui êtes appelées à donner vos soins à un sexe qui fait le bonheur ou le malheur de la vie, car lorsque la femme n’est pas l’ange du foyer, elle en est le démon.

« Et voilà comment j’attache la plus grande importance aux premiers soins que vous donnez à l’enfance.

« Je suis grand partisan de l’instruction primaire au premier degré pour les femmes : la lecture, l’écriture, l’arithmétique élémentaire et quelques notions d’histoire et de géographie semblent suffirent à leurs connaissances.

« Mais j’appelle principalement votre attention sur les besoins du ménage. ― Les travaux d’aiguilles et ceux de l’intérieur doivent plus spécialement intéresser. Il faut avant tout que la femme, quelle que soit sa condition, soit une maitresse de maison.

« En 1848, des philanthropes un peu exagérés se sont préoccupés de l’émancipation des femmes.

« La loi de 1850, connue sous le nom de loi Falloux, n’a été qu’une loi réactionnaire.

« Celle de 1867, proposée par M. Duruy, fit un pas en avant, en exigeant de bonne foi l’instruction primaire pour les jeunes filles.

« Elle me semble donner satisfaction aux nécessités qui s’imposent de donner à la femme les notions indispensables de l’enseignement.

« Mais, depuis, il a été question d’enseignement secondaire et d’enseignement supérieur.

« Je suis loin d’accepter toutes ces innovations qui ne répondent à aucun besoin sérieux.

« Je n’examine point la thèse des femmes dans les carrières libérales. Ce n’est heureusement qu’une exception.

« Car ce n’est pas un préjugé de ma part, c’est la nature elle-même qui renferme les femmes dans le cercle de la famille. La femme doit rester avant tout l’épouse, la mère et la maitresse de la maison.

« Quant aux femmes qui se disent savantes qu’elles me permettent de leur rappeler que je vis de bonne soupe et non de beau langage.

« Je vais plus loin, je condamne les femmes qui veulent être des hommes. Elles ont beau dire et beau faire, elles n’y parviendront jamais.

« Je vous remercie donc des soins que vous donnez à la première enfance. Les rapports que j’ai lus attestent votre zèle et votre dévouement.

« Continuez, mesdames, dans cette voie et veuillez compter sur mon concours le plus empressé.

« Je suis disposé à encourager avec ardeur la création de nouvelles écoles laïques dans tous les quartiers qui en sont dépourvus, à examiner l’assainissement des écoles, le mobilier scolaire, enfin tout ce qui est indispensable à ces établissements. »

 

M. l’inspecteur primaire, au nom des institutrices, a vivement remercié M. le Maire des sentiments qu’il venait d’exprimer.

 

(Le Journal de Toulouse – 27 février 1881)

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